Selon le Fonds national de prévention, les troubles musculo-squelettiques (TMS) regroupent 92 % des maladies professionnelles et 95,2 % des arrêts de travail (contre respectivement 90 % et 96,8 % en 2008). La durée moyenne de congés associée est de 138 jours (113,4 jours en 2008 et 162,5 jours en 2007).
Au-delà de ces données globales, ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui souffrent de TMS, à l'origine - pour les cas les plus graves - de handicaps définitifs et de répercussions immédiates sur leur emploi (changements de poste, restrictions temporaires, inaptitude, invalidité...).
Si les politiques publiques ont pris la mesure des enjeux financiers des TMS, si les professionnels de la prévention sont conscients des enjeux humains et sociaux, si de nombreuses collectivités ont engagé des actions de sensibilisation et de prévention, il reste un saut quantitatif et qualitatif à franchir pour être à la hauteur des besoins et d'une politique de santé au travail efficace et durable.
D'un point de vue quantitatif, la prise en compte des métiers exposés doit aller au-delà des seuls métiers les plus facilement identifiés comme par exemple les Atsem, le personnel de l'équipement et du traitement des déchets, les aides ménagères... Développer une politique de santé au travail et de lutte contre les TMS nécessiterait, par exemple, de prendre en compte plus largement les agents administratifs de catégorie C, qui sont souvent exposés à des tâches répétitives et à une usure professionnelle importante. S'engager dans une politique de qualité de vie au travail nécessiterait de reconnaître aux agents vivant des situations d'exposition à des facteurs de stress et de tensions la possibilité d'être intégrés dans des plans d'actions de lutte contre les TMS, sachant maintenant combien stress et TMS sont liés dans l'apparition de pathologies handicapantes.
Une politique de prévention plus ambitieuse
Lutter contre les TMS passe par une politique globale d'amélioration des conditions de travail dans les collectivités publiques exposées à la double problématique de la gestion des carrières longues et de l'allongement de la durée du temps passé au travail conséquemment à la dernière réforme des retraites.
5 axes directeurs
Toute collectivité qui le souhaite peut, quelle que soit sa taille, s'engager dans les axes de travail suivants :
- une politique de sensibilisation de l'encadrement sur le lien effectif entre travail et santé, entre conditions de travail et survenue des TMS. L'engagement de la hiérarchie est déterminant pour l'efficacité des politiques menées et leur légitimité dans les collectifs de travail ;
- un travail de partenariat avec les acteurs de la prévention au sein de la collectivité et dans les centres de gestion. S'appuyer sur les préventeurs permet de gagner en connaissances et en pratique de prévention ;
- une démarche participative, qui rende les agents acteurs de leur propre santé. L'encadrement et les préventeurs doivent s'attacher à associer les agents à l'expression des besoins et d'identification des facteurs d'exposition aux TMS ;
- un engagement de formation qui conjugue formations aux gestes et postures et celles intégrant les déterminants collectifs du travail ;
- un dispositif piloté par un responsable identifié du projet, inscrit dans le temps (démarche pluriannuelle) et aux moyens financiers définis.
Les TMS ne sont pas une fatalité si l'on agit !