L'établissement de coopération culturelle disparaît le 31décembre. La Région intègre huit salariés, les autres pourraient rester sur le carreau.
Quel avenir pour les 24 salariés de l'EPCC (Établissement public de coopération culturelle) du spectacle vivant en Picardie? Il y a quelques semaines, l'assemblée régionale votait la dissolution de cet établissement public créé en2007 en partenariat avec l'État. Lequel État, par le biais de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), a lui aussi acté ce décès qui interviendra dès que le préfet aura prononcé la dissolution. Probablement pour le 31décembre.
Comment ce nouvel outil, censé devenir une des clés de voûte de l'action culturelle régionale, en est-il arrivé là? L'idée, sur le papier, paraissait pourtant prometteuse. L'EPCC qui reprenait une grande partie des prérogatives de l'OCRP (Office culturel régional de Picardie) devait permettre une large diffusion des actions à travers les territoires; musique, chorégraphie, théâtre, spectacles de rue...
Quatre ans plus tard, il ne reste rien de ces grands espoirs. Si l'on en croit les conclusions d'un audit accablant, l'établissement n'aurait jamais trouvé sa place dans le paysage culturel de Picardie. Sur un plan comptable, les charges de structures auraient englouti jusqu'à 35% du budget, l'EPCC s'avérant par ailleurs incapable de mettre en place les actions auxquelles la Région et l'État avaient pourtant affecté des crédits.
Gouffre financier, échec politique, fuite des responsabilités... La droite régionale qui sent bien qu'il y a là un os à ronger la politique culturelle est un sujet sensible pour la gauche- n'a pas de mots assez durs pour qualifier la disparition de l'EPCC. Aujourd'hui, elle réclame à cors et à cris les coûts de cette affaire.
À gauche, Claude Gewerc, le président du conseil régional, rappelle que les chiffres sont publics et que la dissolution apparaissait comme l'unique remède au mal. La large autonomie de gestion accordée au directeur de l'organisme, prévue par les statuts de l'EPCC, ne permettant pas aux autorités de tutelle de reprendre la main.
La réalité est peut-être plus complexe, comme le laisse entendre un futur ex-salarié, très amer : «Le ver était dans le fruit dès le début. Cet EPCC n'a jamais fonctionné comme un véritable établissement public. C'est dommage, il y avait de quoi en faire un très bel outil... »
En attendant que les langues se délient, il reste la question de l'avenir des 24 salariés. Récemment, le conseil régional a acté l'intégration de huit d'entre eux au sein des services de la collectivité. Ils étaient affectés au parc de matériel scénique et d'exposition (PMSE) que la Région reprend à son compte.
Les seize autres pourraient se voir notifier leur licenciement à la mi-janvier. Certains étaient impliqués dans l'action culturelle depuis 25 ans. De quoi, forcément, laisser le sentiment d'un beau gâchis.
PHILIPPE FLUCKIGER